Avec la pandémie de Covid-19, la division sociétale et idéologique n’a fait que s’accentuer. Une minorité hétérogène très vocale qui s’oppose aux mesures sanitaires a eu des impacts sans précédent sur certaines familles et a accéléré la polarisation sociale et politique.
Devant l’inconnu qu’a occasionné la pandémie, la population a été témoins d’une faille majeure dans l’opinion publique. En effet, selon une étude de la Dre Mélissa Généreux, professeure à l’Université de Sherbrooke, publiée en octobre 2021, environ deux tiers des non-vaccinées souscrivent à une vision dite «complotiste». Les restrictions imposées par le gouvernement ont souvent polarisé les débats puisque des idées contraires avaient tendance à s’entrechoquer.
Pour le directeur scientifique et stratégique du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV), Louis Audet Gosselin, lorsque l’on discute avec une personne s’opposant aux mesures sanitaires, « Il faut tenter de dépassionner le débat. […] Remettre les propos en question. »
Le sentiment de ne pas être écouté, d’être ridiculisé par les médias à cause de leurs idées a poussé certains leaders du mouvement à se tourner vers les réseaux sociaux. Le directeur du CPRMV y voit un risque. « C’est important que les médias couvrent l’extrémisme comme tout autre sujet de société, a-t-il souligné. Si les médias professionnels ne le font pas, il y a d’autres gens qui vont le faire et c’est là que la fausse information a le champ libre. »
Lorsque l’on parle de ces personnes marginalisées, la majorité de la population a tendance à les ostraciser. Pour les familles dont les proches adhèrent, à différents niveaux, à des idées parfois qualifiées de complotistes, le jugement des pairs peut être difficile à assumer.
Carolyne Gareau, jeune femme dont le conjoint s’oppose aux mesures mises en place par la santé publique, a plutôt perçu une incompréhension de la part de quelques-uns de ses proches par rapport aux choix et aux positions de son conjoint. Chez ce dernier, il semble y avoir eu un élément déclencheur clair. Selon Mme Gareau, il s’agit de « tout ce qui est devenu obligatoire. Le fait de ne pas avoir de libre choix ».
Cependant, elle a choisi de respecter son choix et d’éviter le sujet pour ne pas créer de situations conflictuelles. « Je n’aurais pas brisé ma famille parce que mon chum a décidé de ne pas être vacciné », a souligné Mme Gareau. Même si ce n’est pas le cas pour la jeune femme, cette divergence d’opinions peut créer de la souffrance chez ceux qui s’opposent aux mesures sanitaires et leurs proches. Certains organismes, dont le CPRMV offrent maintenant des ressources et du soutien à ceux qui en ressentent le besoin.