« C’est à mon tour de bâtir le Québec chanson après chanson », s’exprime Émile Bilodeau. Rappelons que le chanteur utilise sa plateforme et ses connaissances pour sensibiliser son public sur divers sujets, dont l’importance de la culture québécoise dans l’éducation et dans les lieux publics du Québec.
Selon lui, c’est en investissant dans la culture que nous allons pouvoir raccrocher à notre culture de nouveaux Québécois et des immigrants. C’est entre autres ce qui lui est arrivé. Ce qui le passionne énormément dans la musique et dans la langue française, c’est que cela touche à plusieurs enjeux de notre société. D’ailleurs, ce qui l’a interpelé le plus, c’est que lors du référendum de 1980, René Lévesque a mentionné que c’était les artistes qui allaient faire l’indépendance. Chose qui l’a grandement marqué. D’abord, il exprime que c’est par l’éducation que va passer cet intérêt grandissant chez les jeunes. Il se rappelle au cégep d’avoir lu un texte de Jean Leloup et a expliqué que maintenant, des élèves de secondaire 1 lisent des textes de David Goudreault. C’est ce qui, selon l’artiste, va créer une flammèche chez les jeunes pour leur donner le goût à eux aussi de faire de l’art.
Un mal pour un bien
Émile Bilodeau a pris la décision de se retirer du Festi-Plage de Cap-d’Espoir, une décision dont il est fier. Ce refus est dû au manque de talent féminin. Il s’attendait à être nommé auteur-compositeur-interprète de l’année, ce qui n’a pas été le cas. Lorsqu’il s’est rendu compte qu’il avait quatre femmes et deux hommes nommés, il était content de voir que plusieurs femmes ont été mises de l’avant et ont eu la reconnaissance méritée. Prenons l’exemple de Lou-Adrianne Cassidy ou Salomé Leclerc cette année au gala de l’ADISQ.
Il en est venu à parler de la Bolduc. Selon lui, c’est grâce à elle si son métier existe. C’est la première au Québec à avoir fait de la tournée. Elle a été un modèle pour plusieurs artistes, tous genres confondus. C’est d’ailleurs en pensant à elle et à la militante féministe québécoise Pauline Julien qu’il en est venu à se retirer du Festi-Plage.
Les jeunes et leur futur
« Il faut vraiment continuer d’encadrer les jeunes dans la vision de la transition écologique, transition économique, transition de transport, transition alimentaire », relate le chanteur. Il affirme qu’il est dur pour eux d’embarquer dans cette transition, alors que le gouvernement répète qu’elle est impossible. Il a donné son appui à Québec solidaire, parti qui désire taxer les mieux nantis. De son point de vue, cet argent reviendrait dans les services sociaux, pour aider les jeunes. Elle aiderait aussi à avoir un futur plus vert et écologique, tout en aidant les plus riches à bénéficier d’une meilleure vieillesse. Le travail qu’il essaie de faire, partagez l’idéologie souverainiste, est arrivé selon lui un peu trop tard. Autant sa génération que celle qui suivra se souviendront tristement de cette célèbre phrase de Jacques Parizeau « C’est vrai… c’est vrai qu’on a été battu, au fond par quoi ? Par l’argent… puis des votes ethniques ». Selon lui, cette phrase n’était pas mentionnée par haine envers les ethnies, mais plus comme une réflexion sur ce qu’il avait manqué dans sa campagne.
Le souverainisme et la mission d’Émile Bilodeau
Ce qui a été le « déclic » pour lui en politique, c’est lorsqu’on a commencé à associer au mouvement souverainiste. C’est alors qu’il en a décidé que son devoir était de parler d’indépendance tout en étant inclusif. Dans le cas de la Loi 21, il trouve contradictoire que l’État force les femmes qui travaillent dans le milieu public à enlever leur voile. Il se questionne sur l’histoire de Mme Mahsa Amini, une femme décédée récemment en Iran à la suite d’un conflit avec la police. « Si elle avait fui l’Iran pour venir au Québec, est-ce qu’elle aurait trouvé dans le système québécois des alliés ? », relève l’artiste engagé. Selon lui, les décisions par rapport au voile doivent venir de la femme elle-même et non d’une loi qui vient les « sauver ». Les minorités autant visibles que religieuses s’identifient mieux aux Canadiens et non aux Québécois, vu que cette collaboration de communauté semble plus forte au Canada anglais, pense Émile.
La fierté autochtone
Émile Bilodeau a donné son point de vue sur la Crise d’Oka. Il a d’ailleurs conseillé à tous le film Beans. Le film raconte l’histoire de la crise du point de vue d’une jeune mohawk de 12 ans. Le chanteur explique qu’à la suite de la Crise D’Oka, les radios ont arrêté de passer le groupe de musique innu de Florent Vollant et Claude McKenzie, Kashtin. Avec l’argent amassé par leurs succès, ils ont pu créer des festivals à Maliotenam pour partager cette culture innue et c’est devenu une fierté pour les Innus. « Le gros défi », selon lui, serait de demander au CRTC un quota de 5% pour passer de la musique autochtone à la radio, une idée de base provenant de Florent Vollant et de son fils, Mathieu McKenzie. « S’ils ont le support du public et des artistes québécois qui sont prêts à laisser 5% […] ben peut-être qu’on va pouvoir aider d’autres communautés à financer des projets ». Comme les nombreux festivals qu’on amenés le groupe Kashtin, précise-t-il. Il conseille à tous d’aller écouter son spectacle des Francofolies 2022, où il a mis de l’avant plusieurs artistes des Premières Nations, dont Elisapie, Scott-Pien Picard, le groupe country rock Maten et Laura Niquay.
Émile Bilodeau était de passage à la salle Côté Cour de Jonquière dans le cadre de la tournée de son nouvel album Petite nature, nominé pour meilleur album folk de l’année à l’ADISQ. Il avait fait salle comble les deux soirées devant un public de tous âges avec son claviériste et ami, Nathan Vanheuverzwijn. Il a remercié ses partisans satisfaits et la ville de Jonquière en terminant avec sa chanson Bière, puis avec un hommage à Plume Latraverse.