« Les microbrasseries, tant qu’il y aura un village avec une bière à boire sur place, elles vont marcher », lance le copropriétaire de la microbrasserie Hopera, Vladimir Antonoff. Il résume ainsi une des raisons qui explique la popularité des microbrasseries au Québec.
À l’ouverture d’Hopera à Saguenay il y a 9 ans, la province comptait autour de 100 microbrasseries. Désormais, elles sont plus de 330. Malgré la pandémie et ses conséquences économiques sur le Québec, la popularité de la bière artisanale a connu un essor pour certaines microbrasseries. Du moins elle a permis à certains producteurs de se concentrer sur les directions qu’ils aimeraient prendre pour leur commerce. Vladimir Antonoff explique l’ouverture de leur nouvelle usine à Jonquière et de leur nouveau mode de production 100% canettes, en plus de leur bar/restaurant déjà en place depuis près d’une décennie. « S’il n’y a plus de tes produits dans une épicerie, tu es remplacé par quelqu’un d’autre », relate le copropriétaire de Hopera.
Bien avant la pandémie, en 2016, le Cégep de Jonquière a ajouté le programme Techniques de production en microbrasserie à sa liste de programmes offerts, permettant ainsi à plus de 200 étudiants d’obtenir une formation en brassage. « Cette industrie ne cesse de gruger les parts du marché qui autrefois n’appartenaient qu’aux grandes brasseries, » témoigne le conseiller pédagogique responsable du programme, Bertho Potvin. Ce dernier assurait que l’engouement pour son programme ne cesse de grandir.
Vladimir Antonoff explique que la popularité des bières artisanales connait une augmentation fulgurante depuis leur arrivée en 1985. Elles ne comptent cependant que 13 % du marché des bières au Québec. Elles rivalisent avec des brasseries commerciales telles que Molson, Labatt, Coors, etc. Sans oublier que de gros noms comme Unibroue, Boréale et Belle Gueule font toujours partie des « microbrasseries » québécoises. « Si on gagne 1 % par année, nous on se tape dans la main, les brasseurs du Québec. Mais c’est très minime », lance Vladimir Antonoff de l’Hopera. Il note d’ailleurs que les microbrasseries du Québec aimeraient concurrencer avec leurs rivaux commerciaux. Il affirme néanmoins que c’est un gros défi, considérant le prix que Labatt vend sa caisse de 24 à titre d’exemple.
Certaines banques ont cessé de financer les entrepreneurs se lançant dans l’industrie brassicole. « On commence à être dans un petit creux de vague, parce qu’il en a trop », témoigne Vladimir Antonoff. Selon lui, certaines personnes essayaient de s’ouvrir une microbrasserie, sans brasseur. Ils utilisent seulement l’« essai-tendance » comme point de repère, en voulant se trouver un véritable brasseur après que leur micro soit lancée. « Si tu n’as pas d’âme dans ton projet […] bien c’est là que tu te perds un peu », vient conclure M. Antonoff sur le sujet. Ainsi, c’est avec cette « passion » que les microbrasseries vont peut-être un jour rivaliser les brasseurs commerciaux.