Alors que le commissaire fédéral à l’environnement révélait le 7 novembre que le Canada risquait de rater sa cible en matière de réduction de gaz à effet de serre, Québec doit accroître ses stratégies contre la crise environnementale, selon un expert. Il affirme que l’écart économique entre l’Ontario et le Québec et la réticence au changement de la population sont parmi les obstacles principaux.
Le Plan pour une économie verte 2030 (PEV) a pour but de réduire de 37,5 % les gaz à effet de serre (GES) émis depuis 1990 au Québec, « tout en faisant croître » l’économie québécoise, selon le ministère de l’Environnement. Le professeur associé au département économique à l’Université de Sherbrooke, François Delorme, indique que le plan diminue insuffisamment les GES, ce qui défavorise l’atteinte du 37,5 %. « Plus que tu augmentes la croissance économique, plus, ça, ça va générer de la pollution, en général. » Il constate qu’une « barrière politique » contribue à cette défavorisation.
Selon François Delorme, la priorité du gouvernement provincial est de « combler l’écart [économique] avec l’Ontario ». Le Conseil du patronat du Québec explique que « le
premier ministre du Québec, François Legault, s’est fixé comme objectif d’augmenter notre richesse collective et notre niveau de vie (soit le PIB par habitant), notamment pour rattraper la situation de l’Ontario ». Adopter plus de solutions écologiques désavantagerait les compagnies. « Ça les empêche d’être moins riches, moins productives, puis moins profitables ».
La solution principale du Québec, pour réduire les GES, est l’électrification des transports. En revanche, le président du Comité consultatif sur les changements climatiques du gouvernement du Québec, Alain Webster, souligne que, pour atteindre l’objectif du PEV, il faut réduire sa consommation. « Il faut absolument réduire […] on ne peut pas y arriver en électrifiant complétement, ça va faire trop de voitures, trop de demandes énergétiques. » Cette baisse en consommation n’est pas si simple : M. Delorme met l’accent sur la « barrière psychologique » qui empêche le PEV d’atteindre son objectif. « Les gens ont une aversion à la perte. » Il révèle que le gouvernement doit instaurer plus de contraintes écologiques aux citoyens, afin de décroître leur consommation.
Le PEV a été mis en place à la suite de l’Accord de Paris. Le gouvernement du Canada définit que l’accord de 2015 engage les pays signataires à « limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale bien au-dessous de 2 °C et, si possible, à limiter cette augmentation à 1,5 °C ». Cependant, au début de juin 2023, le programme d’observation européen du réchauffement climatique Copernicus a établi que la température moyenne mondiale avait dépassé le 1,5 °C. Atteindre le 2 °C entraînerait des changements
environnementaux irréversibles. François Delorme insiste pour dire que l’on doit prendre action maintenant. « On pense qu’en faisant des mini changements, on va être capables de changer quelque chose, une grosse affaire, mais on est trop tard. […] On est à l’heure des grandes solutions. »